Les Credit Default Swaps (CDS) sont des produits dérivés permettant de se prémunir contre le défaut d’un émetteur sur le marché obligataire. Lorsque les investisseurs souhaitent se couvrir contre un scénario de baisse marché, les CDS sont recherchés et leur valeur monte. Le coût de ces assurances a atteint des sommets lors de la crise grecque, entre 2010 et 2012. On vous dit tout.
Mode d’emploi du Credit Default Swaps
Les CDS sont la forme la plus classique des 693 000 milliards de dollars de produits dérivés que l’on totalise à travers la planète.
Bon à savoir : selon la Banque des règlements internationaux, le marché des CDS a atteint un sommet historique de 58 000 milliards de dollars en 2007. Fin 2011, la valeur notionnelle brute des contrats de CDS en circulation s'élevait à environ 26 000 milliards de dollars.
Les contrats se sont standardisés, sous l’égide de l’ISDA (International Swaps and Derivatives Association), une association privée qui regroupe les acteurs du marché. La durée moyenne des contrats CDS est de 5 ans.
Les CDS s’apparentent à une assurance. Ils permettent à un investisseur (par exemple une banque) de se couvrir contre la défaillance d’une contrepartie (par exemple un État) moyennant le versement d’une prime à un vendeur qui endosse ce risque.
Si le risque se concrétise, l’acheteur du CDS reçoit un dédommagement (« protection buyer ») de la part du vendeur (« protection seller »). Ce dédommagement correspond soit :
- à la différence entre la valeur « notionnelle » du sous-jacent et la valeur post-défaut (après la défaillance) ;
- à un montant fixé d’avance.
Concrètement, l’établissement du contrat de CDS se déroule comme suit :
- L’acheteur verse une prime au préalable (ex ante) au vendeur de la protection (par exemple une banque d’investissement).
- Le montant de cette prime est calculé en fonction du risque que présente le sous-jacent du contrat, c’est-à-dire l’actif (dit « notionnel ») assuré.
- En cas d’événement de crédit (défaillance), le vendeur de la protection vient à la rescousse de l’acheteur et compense les pertes de l'actif de référence après les faits (ex post). C’est l’ISDA qui rend la survenue d’un événement de crédit officielle. Si aucun événement de crédit n’intervient, l’acheteur de CDS aura payé la prime pour rien.
Le montant de cette prime est fixé à partir d’un calcul actuariel, basé sur une évaluation objective du risque. La prime augmente lorsque la qualité de crédit se détériore.
Exemple : les CDS sur la dette grecque ont, par exemple, bondi en passant de 10 à près de 80 points de base (un point de base = un centième de point de pourcentage) entre juin 2010 et en février 2012.
Bon à savoir : en février 2016, le CDS de la Deutsche Bank accablée par une montagne de dettes, a atteint 235 contre un peu moins de 100 à la mi-janvier.
Credit Default Swaps : des outils spéculatifs
Les CDS ont été initialement mis au point par la banque américaine JP Morgan à la fin des années 1990 pour protéger ses clients contre les pertes résultant des défauts sur les titres ou autres instruments financiers en leur possession.
Bon à savoir : en 2015, 12 banques, dont BNP Paribas, ont accepté de verser un total de 1,865 milliards de dollars à la Justice américaine pour mettre fin à des poursuites engagées pour entrave à la concurrence et manipulation sur le marché des CDS.
Les CDS peuvent aussi être utilisés comme des outils de spéculation. Ils sont alors achetés par des investisseurs qui n’ont aucun actif à protéger. On parle alors de CDS « à nu ».
Dans le cas de CDS souverain « à nu », ces contrats s'échangent sans que les investisseurs détiennent de titres de dette correspondant, ce qui signifie qu'ils bénéficient de l'assurance, sans le risque.
En 2011, l’Union Européenne a interdit les CDS « à nu », qui étaient utilisés par les spéculateurs afin de parier sur le défaut de paiement des États, car ils étaient accusés d’amplifier la crise.
En Europe, la compensation (mécanisme visant a éliminer les risques de contrepartie sur les marchés dérivés) des CDS est supervisée par le règlement Emir. En 2013, le Fonds monétaire international (FMI) a estimé que les CDS ne constituaient pas une source d’instabilité pour les marchés.
Remarque : jusqu'ici, les CDS n'ont pas fait l'objet d'une réforme réglementaire internationale de grande ampleur.
Pour en savoir plus :
- Pour financer sa dette publique, un État emprunte des fonds sur les marchés financiers. Si un État ne peut plus rembourser ces emprunts, il est en défaut de paiement.
- Les swaps sont des produits dérivés qui permettent à 2 parties de se mettre d'accord sur un échange de flux financiers.
- L'Euribor est un taux de référence du marché interbancaire européen.