Marché de gré à gré

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Hommes qui jouent en bourse 123RF / kasto

Un marché de gré à gré (aussi appelé Over The Counter ou OTC) est un marché sur lequel les transactions sont conclues directement entre le vendeur et l’acheteur.

Comment fonctionne ce type de marché et quand y a-t-on recours ? Le point dans cet article.

Marché de gré à gré : comment ça fonctionne ?

Sur le marché de gré à gré, les transactions se déroulent de façon bilatérale, par exemple entre deux banques. Les règles de fonctionnement des échanges :

  • sont fixées par les parties ;
  • ne sont pas régies par l'intervention d’une chambre de compensation ou d’une agence de régulation.

C’est un marché privilégié par la plupart des investisseurs institutionnels. En effet, quelle que soit la taille de la transaction, les prix proposés en OTC sont généralement plus attractifs que sur un marché organisé.

Bon à savoir : le marché de gré à gré le plus important est celui des devises. En 2013, 5 300 milliards de dollars s’y échangeaient chaque jour.

À noter : depuis le 3 janvier 2018, toutes les entités juridiques qui souhaitent effectuer des transactions sur les marchés financiers européens impliquant tout type de titres ou dérivés ont l’obligation de détenir un identifiant d’entité légale (LEI - Legal Entity Identifier). Cet identifiant a été créé par le règlement d'exécution n° 1247/2012 du 19 décembre 2012 de la Commission pour améliorer le fonctionnement et le suivi des marchés financiers. L'attribution de l'identifiant est facturée au prix de 70 € et les frais de certification annuelle s’élèvent à 50 € (arrêté du 28 juin 2013 modifié).

Marché de gré à gré : quels avantages, quels risques ?

Avantages du marché de gré à gré

Un marché de gré à gré présente le double avantage d'être souple et de réduire les coûts des transactions :

  • Sur un marché de gré à gré, il est possible de réaliser une transaction grâce à un contrat sur-mesure. En général, le cadre réglementaire est moins restrictif que dans un marché organisé. Les deux parties peuvent négocier elles-mêmes les termes de la transaction.
  • De plus, les garanties offertes par la chambre de compensation ont un coût. Ce n’est pas le cas sur le marché de gré à gré puisqu'il n’y a pas d'intermédiaire entre l'acheteur et le vendeur. Les frais de transactions sont donc réduits.

Risques du marché de gré à gré

S'il permet d'assouplir les conditions de réalisation des transactions, le marché de gré à gré n'est pas sans risques :

  • Contrairement à un marché organisé, où le risque de contrepartie est nulle, la chambre de compensation garantissant la bonne fin de la transaction, dans un marché de gré à gré, les investisseurs sont exposés au risque de faillite du vendeur ou de l'acheteur.
  • À l'échéance du contrat, l'une des parties du contrat peut ne plus être en mesure d’honorer les termes du contrat (l'acheteur ne paie pas ou le vendeur ne fournit pas les titres). Il est alors difficile de se débarrasser du contrat, a fortiori s’il a été taillé en sur-mesure.
  • Enfin, contrairement à un marché organisé, sur lequel tous les intervenants paient le même prix quelle que soit leur taille, la transparence n’est pas de mise sur le marché de gré à gré. Les prix diffèrent selon les intervenants.

Toutes ces conditions donnent l’avantage aux banques et autres compagnies d'assurance, qui sont en position de force quand il s’agit de négocier.

Sur quels marchés trouve-t-on des marchés de gré à gré ?

On recense trois grands types de marchés dans lesquels le marché de gré à gré est pratiqué, le marché obligataire, le marché des changes et une grande partie du marché des « dérivés ».

Marché obligataire

Un marché obligataire permet aux États et aux entreprises d'obtenir un profit supplémentaire pour se financer :

  • Dans ce type de marché, le marché secondaire (sur lequel sont échangés des titres déjà créés) est essentiellement dominé par des transactions de gré à gré.
  • Il n’existe donc pas de lieu unique où vendeurs et acheteurs confrontent leurs positions. Les transactions se déroulent directement entre investisseurs, hors du marché boursier.

Bon à savoir : le marché secondaire d’une ligne obligataire est généralement peu actif, sauf lors des reclassements (redistribution du stock d'actions) qui interviennent durant les 6 premiers mois de vie du titre, puis pendant les 12 mois précédant sa fin.

Marché des changes

Ce marché permet d'échanger une devise (unité monétaire) contre une autre :

  • C’est l’un des plus grands marchés en termes de volume journalier (plus de 5 300 milliards de dollars échangés quotidiennement).
  • La majorité des transactions de change concernent des contrats de « forward », de « futures » ou de « swap ». Avec ces contrats, un volume défini de devises est livré à une date et à un moment précis. Les conditions sont négociées de gré à gré.

Bon à savoir : en 2014, six grandes banques (Bank of America, Citibank, HSBC, JP Morgan Chase, Royal Bank of Scotland et UBS) ont été condamnées par les régulateurs financiers à une amende de 4,2 milliards de dollars pour manipulation du marché des changes à grande échelle.

Marché des dérivés

En finance, un produit dérivé permet de conclure des transactions financières sur la base d'un autre actif, appelé « actif sous-jacent ».

Ce dernier étant inaccessible pour des raisons réglementaires, fiscales ou autre, ou n'existant tout simplement pas encore, on crée des produits dérivés. Ils permettent de réaliser des transactions liées à cet actif sous-jacent tout en minimisant les risques.

Les dérivés de gré à gré sont des instruments taillés sur-mesure pour les besoins des contreparties (risques de marché, de liquidité, etc) :

  • Certains produits sont négociés en dehors de tout cadre réglementé. Le volume des transactions atteint donc des niveaux astronomiques.
  • Ainsi, entre juin 2005 et juin 2008, la taille du marché a doublé pour atteindre à 684 000 milliards de dollars à l'été 2008.

Mise en cause lors de la crise des subprimes, l’utilisation massive des dérivés de gré à gré a été encadrée, lors du G20 de septembre 2009 :

  • par le DFA (Dodd-Frank Act) aux Etats-Unis ;
  • par le règlement EMIR en Europe.

Bon à savoir : en 2013, selon la banque de France, l’encours notionnel des dérivés de gré à gré représentait environ 500 000 milliards d’euros, soit plus de 5 fois la taille des marchés au comptant (où le paiement a lieu immédiatement) sous‐jacents.

Pour approfondir le sujet :

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