Groupement foncier agricole

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Le groupement foncier agricole (GFA) est une société de propriétaires fonciers, autrement dit une sorte de « SCI agricole ». Cette forme de société a été créée pour pérenniser le patrimoine foncier agricole.

Il existe peu de GFA « exploitants » ; la plupart étant « bailleurs ». Cette structure permet aux propriétaires fonciers de bénéficier d'avantages fiscaux, et de séparer la propriété de l'exploitation.

Le point maintenant.

Groupement foncier agricole : dans quel cas ?

GFA d'investissement

Le GFA d'investissement est constitué dans le but de créer une exploitation unique et rationnelle. Il s'agit de constituer une exploitation rentable, en déchargeant l'exploitant du poids des investissements.

On y trouve souvent des personnes morales associées (banques, assurances, SAFER, etc.).

GFA familial

Le GFA familial est constitué entre membres d'une même famille (jusqu'au 4e degré inclus).

Le GFA est alors un outil de transmission, qui permet de conserver l'unité d'une exploitation en cas de succession, en évitant partage ou indivision. Transformer un patrimoine foncier en parts sociales cessibles permet :

  • en cas d'indivision, d'appliquer la règle de la majorité et non celle de l'unanimité ;
  • en cas de partage, de se partager des parts sociales et non les terres.

On rencontre deux types de GFA familiaux :

  • soit le GFA est constitué du vivant d'un propriétaire foncier (qui fait par exemple une donation-partage de la nue-propriété à ses héritiers) ;
  • soit le GFA est constitué au décès du propriétaire, entre ses héritiers, pour éviter la création d'une indivision.

Groupement foncier agricole : intérêt fiscal

Droits de succession ou de donation

Le donateur ou la succession bénéficie d'une exonération des 3/4 de la valeur jusqu'à 300 000 € et de 50 % au-delà (article 793 bis du Code général des impôts, dans sa version issue de la loi de finances pour 2019 relevant le seuil de 101 897 € à 300 000 €). 

Les conditions à remplir sont les suivantes :

  • Le donateur ou le défunt doit détenir les parts depuis plus de 2 ans (sauf s'il est associé fondateur et unique apporteur).
  • Le GFA doit louer par bail à long terme (de plus de 18 ans) tous les biens immobiliers qui constituent son patrimoine depuis plus de 2 ans.
  • Le GFA doit s'interdire le faire-valoir direct dans ses statuts.
  • Les donataires ou héritiers doivent conserver les parts pendant 5 ans au moins.

Bon à savoir : si les héritiers cèdent une partie des parcelles avant l’expiration du délai de 5 ans, l’exonération partielle de droits de succession n’est remise en cause que pour la fraction de parcelles cédées et non pour la totalité des parcelles louées (Cass. com., 10 juillet 2018, n° 16-26.083).

Impôt sur la fortune immobilière (IFI)

Les parts de GFA sont totalement exonérées d'impôt sur la fortune immobilière (IFI) lorsqu'elles peuvent être qualifiées de biens professionnels.

À noter : l'IFI remplace l'ISF (impôt de solidarité sur la fortune) depuis le 1er janvier 2018 (loi de finances pour 2018).

Cette exonération totale s'applique si les conditions suivantes sont remplies :

  • statuts interdisant le faire-valoir direct ;
  • biens ruraux donnés à bail à long terme ;
  • parts détenues depuis plus de 2 ans ;
  • parts représentatives d'apports en nature (et non parts représentant les apports en numéraire) ;
  • le preneur utilise le bien rural dans l'exercice de sa profession principale.
En revanche, les parts de GFA ne sont que partiellement exonérées d'IFI (exonération des 3/4 de la valeur jusqu'à 101 897 € et de la moitié au-delà) si seules les conditions suivantes sont remplies :
  • statuts interdisant le faire-valoir direct ;
  • biens ruraux donnés à bail à long terme ;
  • parts représentatives d'apports en nature (et non parts représentant les apports en numéraire).

Création d'un groupement foncier agricole

Le GFA est une société civile particulière. Il est régi par les articles L. 322-1 et suivants du Code rural et par le Code civil.

La création d'un GFA nécessite :

  • la rédaction des statuts et leur dépôt au greffe du tribunal de commerce du lieu du siège social ;
  • l'immatriculation au Registre du commerce et des sociétés (RCS).
Caractéristiques d'un GFA
Associés

Au moins 2 associés.

Si GFA exploitant, seulement des personnes physiques.

Si GFA non exploitant, personnes physiques ou personnes morales (SAFER, SCPI, etc.).

Gérance

Gérant désigné par les associés.

Associé ou non.

Les associés exploitants, s'ils existent, sont gérants statutaires.

Apports
  • En numéraire (mais dans ce cas, le numéraire doit être investi dans des biens à destination agricole dans l'année suivant l'apport).
  • En nature : immeubles et droits immobiliers à destination agricole (donc pas de meubles). Ces apports font l'objet d'une publicité foncière et sont en principe soumis au droit de préemption de la SAFER.
Superficie 15 fois la surface minimum d'installation (SMI), sauf dans les GFA familiaux (parents jusqu'au 4e degré inclus).
Imposition des bénéfices

Dans le revenu global des associés (revenus fonciers si GFA bailleur ; bénéfices agricoles si GFA exploitant).

Possible option pour l'impôt sur les sociétés. Depuis le 1er janvier 2019, il est possible de renoncer à l’option au cours des 5 exercices qui suivent celui au titre duquel l’option pour l’impôt sur les sociétés a été effectuée. Au-delà, l'option devient irrévocable (article 239 du Code général des impôts tel qu'issu de la loi du 28 décembre 2018 n° 2018-1317 de finances pour 2019).

Capital
(= somme des apports en numéraire et en nature)

Pas de limite.

Les apports peuvent varier dans le temps.

Libération non réglementée.

Bon à savoir : les apports effectués lors de la constitution de la société sont exonérés de droits d'enregistrement.

Fonctionnement d'un GFA

Les associés reçoivent des titres en contrepartie de leurs apports, et un droit de vote proportionnel à la quote-part de capital détenue.

Ils sont tenus indéfiniment des dettes de la société à proportion de leurs apports.

En cas de cessions de parts, la fiscalité suivante s'applique :

  • 125 € si GFA exploitant ;
  • droit d'enregistrement de 5 % si le GFA loue ses terres à long terme ;
  • en cas de cession à un indivisaire : 1,1 %.

Bon à savoir : si, au terme de la vie du GFA, un bail est en cours, le GFA est prorogé de plein droit jusqu'à la fin du bail (sauf opposition d'un associé).

À noter : depuis le 1er janvier 2020, la taxation au taux de réduit de 125 € est réservée aux cessions de parts sociales de GFA créés depuis plus de 3 ans (loi n° 2019-1479 du 28 décembre 2019 de finances pour 2020). Ceci, pour mettre fin à une pratique d’optimisation fiscale qui consiste à transformer, avant la cession de parts, une société de droit commun en société civile agricole dans l’objectif de bénéficier du droit fixe de 125 €.

Pour approfondir le sujet :

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