La finance comportementale consiste à mesurer dans quelle mesure la psychologie influe sur la finance de marché.
Indirectement, la finance comportementale remet en cause le dogme de l’efficience, selon lequel les marchés réagissent de façon rationnelle.
Finance comportementale : rupture avec la théorie classique
Apparue à la fin des années 70, la finance comportementale chercher à mettre en évidence des situations où les marchés financiers ne sont pas efficients et à expliquer ces situations atypiques à travers la psychologie des investisseurs (dont celle des traders).
C’est une rupture avec la théorie classique, qui suppose que les investisseurs témoignent d’un comportement rationnel.
Selon cette dernière théorie, notamment développée par l’économiste Eugène Fama dans les années 60, lorsqu’un marché est suffisamment développé et que les informations le concernant sont connues par l’ensemble des acteurs, ceux-ci réagissent avec rationalité et de façon adaptée.
D'après la théorie de l'efficience, les investisseurs, guidés par un souci d’optimisation économique, tiennent compte de toutes toutes les informations à leur disposition, puis les utilisent pour fixer le (juste) prix des actifs.
Bon à savoir : d’après cette approche, les marchés n’ont pas de mémoire. Il est donc impossible de prévoir l’évolution des prix en se référant au passé, ce « pricing » évoluant à partir de données réactualisées en permanence.
La finance comportementale tourne le dos à cette efficience théorique des marchés. Pour elle, les investisseurs réagissent aussi en fonction de nombreux facteurs, notamment cognitifs, émotionnels ou sociaux.
Finance comportementale : introduction d'une dimension psychologique de la finance
Selon Daniel Kahneman et Vernon Smith, pères de la finance comportementale (nobellisés en 2002), le comportement des investisseurs lors de leurs prises de décisions est influencé par différents biais, ainsi que par les acteurs émotionnels qui interfèrent lors des prises de décisions.
Contrairement à ce qu’affirme la théorie standard, les marchés ont donc une mémoire et n’évoluent pas en fonction du hasard, puisque ces biais les conditionnent implicitement (tout au moins en partie).
Parmi les biais cognitifs, on peut citer :
- l’ancrage mental (assertion faite par extrapolation à partir d’un échantillon de taille limitée) ;
- le cadrage (ne voir qu'un aspect du problème) ;
- la disponibilité (s’appuyer sur des informations facilement disponibles à l’attention et la mémoire) ;
- la confirmation (donner la préférence aux informations confirmant des croyances initiales).
Article
Parmi les biais émotionnels, on trouve l’excès de confiance et le biais affectif (favoriser les actifs auxquels est accolée une image positive, par exemple le luxe).
Le marché est également déterminé par certaines préférences en matière de risque :
- effet de disposition (vendre d’abord les actifs les plus rentables) ;
- asymétrie des réactions face à des gains ou des pertes ;
- aversion au regret (privilégier les solutions diminuant le regret présent ou futur en cas de vente à perte).
Les biais sociaux sont bien souvent les comportements moutonniers (faire comme les autres même si les informations dont on dispose inclinent à agir différemment).
Usage de de la finance comportementale
D'après la théorie de la finance comportementale, les investisseurs donnent la préférence aux croyances qu'ils préfèrent pour diminuer leur anxiété vis-à-vis de l’avenir.
Il s’agit donc de recenser ces biais et de mesurer leurs effets sur les marchés afin de les utiliser lors de stratégies d'investissement.
Fréquemment utilisée lors des crises financières ou des périodes à forte volatilité, la finance comportementale est en vogue dans le milieu de la gestion d’actifs et du e-marketing, où elle sert à améliorer la communication avec les prospects et les clients.